La terre, le plâtre, le béton soufflé, le bois, la pierre, le bronze, la porcelaine, le raku, tant de moyens, comme pour toutes représentations dans la matière, de faire naître et d’arrêter le temps en une seule image, un mouvement suspendu à jamais. Mais ce qui m’émeut tout particulièrement dans la sculpture, c’est le toucher. Je frôle parfois un tableau du bout des doigts, je peux embrasser une sculpture comme j’embrasse un arbre, avec mes bras, mon corps, y poser mon visage. Travailler une masse de terre, sentir son poids, sa résistance, son soyeux dans mes paumes, caresser la courbe d’une épaule en bronze, la surface lisse et froide de la pierre, le rugueux d’une écorce quel délice. De plus, la facture en 3D d’une œuvre lui donne une présence spatiale tout autre, elle occupe l’espace différemment, elle prend de la place, à côté de moi, derrière moi, au sol ou sur mon bureau. Je les ressens souvent comme des sentinelles silencieuses qui m’accompagnent.

Pour le diaporama «Statues», j’ai pris une masse de terre que j’ai retravaillée pendant 6 mois, toujours la même terre, et j’ai laissé mes mains raconter une histoire, un bout de mon histoire. A la fin, j’ai remis la terre dans le bac et ne sont restées que les photos que j’avais prises. En m’inspirant d’une étape qui m’avait marquée, j’ai fait des années plus tard un bronze «La danse».

«Statues»